Mise en scène, Conception lumière
Roméo et Juliette, Charles Gounod
L’histoire de Roméo et Juliette est une histoire d’amour et de mort, comme celle de leurs prédécesseurs, Tristan et Iseult. Eux aussi inspireront un opéra quelques centaines d’années après leur naissance. Et comme dans le récit qui nous reste des amants de Cornouailles, Shakespeare nous annonce la mort de ses personnages dès les premiers mots de son œuvre, Roméo et Juliette.
Si Gounod et ses librettistes respectèrent ce geste dans l’introduction de l’opéra dont nous vous présentons aujourd’hui une version abrégée, c’est qu’ils étaient probablement conscients du fort impact engendré par la décision de « commencer par la fin » : acte qui trahit le triste fait que la tragédie a déjà eu lieu et que son dénouement n’est plus ce qu’il nous reste à découvrir.
Cette fin, cette mort, il s’agit donc de la raconter. Elle plane en permanence sur les rues de Vérone où évoluent nos personnages, tourmentés par la haine qui oppose les deux célèbres maisons des Capulet et des Montaigu. Nous avons donc avant tout cherché dans ce spectacle à évoquer, autant que possible, ce climat de tragédie constamment imminente et de violence de la Vérone rêvée par Shakespeare et ses successeurs : une violence errante en quête d’identité et de sang. Les haines ancestrales perdurent mais leur origine est oubliée, il nous reste donc à faire ressurgir leur force en ramenant à la scène les traces qu’elle laisse derrière elle. Car c’est dans ce contexte de tension omniprésente que naît l’amour de Roméo et Juliette – ennemis de nom mais amants par nature. Leur amour naît et meurt devant nos yeux parce qu’il les dépasse, faisant office de sacrifice au profit d’une société déchirée qui n’aura su trouver la paix que par lui.
Sur scène, les chanteurs incarneront tantôt des personnages individuels, tantôt le chœur présent chez Gounod comme chez Shakespeare : par le biais de textes tour à tour parlés et chantés, ils raconteront et joueront cette histoire qui se dévoile au passé, dans l’urgence de la guerre et de la représentation du spectacle vivant. Avec quelques accessoires, quelques costumes et en moins de deux heures, les jeunes chanteurs de l’Opéra Studio relèveront le défi de partager leur joie d’incarner Roméo et Juliette.
« Et si vous nous offrez des regards amicaux,
Nos efforts tenteront d’affaiblir nos défauts. »
William Shakespeare, Roméo et Juliette (Prologue)
Émilie Rault, janvier 2018
Représentations
Opéra National du Rhin
Strasbourg, Colmar, France
Espace Reinhardt
Strasbourg, France
2018
Mise en scène
Émilie Rault
Direction musicale
Vincent Monteil
Ô ma femme ! Ô ma bien-aimée !
Distribution
Anaïs Yvoz : Juliette
Fanny Lustaud : Gertrude / Stephano / Chœur
François Almazura : Roméo
Igor Mostovoi : Mercutio / Chœur
Antoine Foulon : Comte Capulet / Chœur
Dionysos Idis : Frère Laurent / Chœur
Manon Parmentier : Piano / Chœur
Stella Souppaya : Piano / Chœur
Vincent Monteil : Direction musicale
Émilie Rault : Mise en scène / Conception lumière
Claire Meyer : Production / Régie
Séverine Michel, Rachel Frery : Traduction LSF (langue des signes françaises) pour l’espace Django Reinhardt
Prêt du fonds de costumes et accessoires de l’ONR, sous la supervision de Thibaut Welchlin et Claire Meyer
Création au Théâtre municipal de Colmar (ONR)
Reprise à l’ONR Strasbourg dans le cadre des Midis Lyriques (salle Bastide) et des concerts À la Bonne Heure de l’Espace Django (Strasbourg)
Remerciements : Philippe Arlaud, Eva Kleinitz, Camille de Fréminville
Crédit photo : Vincent Monteil