L’Incoronazione di Poppea, Claudio Monteverdi

Si Le Couronnement de Poppée s’appuie sur un certain nombre de faits historiques, Monteverdi n’hésite pas pour autant à prendre avec eux une liberté certaine pour leur donner une dimension proche des tragédies grecques et shakespeariennes.

Entre mythe et réalité, l’œuvre oscille fébrilement, confrontant la trivialité des infidélités conjugales avec le sublime des forces incontrôlables auxquelles sont soumis les personnages. Concernant les coupes que nous avons effectuées au sein de la partition, notre principale préoccupation fut de conserver la ligne dramaturgique directrice esquissée par Monteverdi, en suivant exclusivement le manuscrit de Venise.

Le compositeur transcende la tragédie de meurs par des vérités universelles, atemporelles : Le Couronnement de Poppée passionne le public d’aujourd’hui comme s’il s’agissait d’une œuvre contemporaine. C’est pourquoi nous chercherons sur scène à ancrer les événements dans un espace-temps imaginaire, une Rome Antique rêvée, dans laquelle chacun serait susceptible de se retrouver, à la manière d’un conte mythologique.

Le choix d’un petit ensemble d’instruments anciens et modernes pour accompagner le chant découle de ce même axe de proximité avec le public, qui accueillera à la fois les élèves du lycée au sein duquel le spectacle sera créé et des spectateurs d’opéra chevronnés : clavecin, violon baroque, viole de gambe, flûte et harpe — instruments capables de prolonger l’atemporalité universelle des affetti du livret.

Notre intention est avant tout de rendre hommage à la force dramatique du livret et de la partition musicale : de servir cette œuvre comme si elle venait à peine d’être composée.

Émilie Rault, avril 2012