Faust, Charles Gounod

Le Faust de Gounod met en scène la confrontation d’un homme avec le monde, mais surtout avec lui-même. Notre espace scénique, parsemé de matières miroitantes, a été pensé dans le but de refléter cette quête de redéfinition de soi qui pousse le protagoniste à signer un pacte avec le diable. Le chœur, que l’on retrouve tout au long de l’œuvre, devient une déclinaison des visages et des silhouettes possibles des protagonistes, tout en modulant l’espace par sa présence même. Deux rangées de femmes figurent les murs d’une maison, une ligne d’hommes incarne les barreaux d’une prison ou l’axe d’une croix chrétienne. Inspiré·e·s par les tableaux fantomatiques de Munch, aux personnages tantôt terribles, vampirisants, tantôt désespérés, nous avons cherché à créer un univers à la fois oppressant et séduisant, un univers qui puisse accueillir la folie de Marguerite autant que ses bijoux. Variations sur un même costume, sur une couleur, sur un geste : autant de jeux de teintes visant à faire écho au cache-cache de Faust avec une vérité qu’il ne parvient jamais à saisir pleinement. Il tâtonne comme un aveugle, un Homère ou un Œdipe éborgné par son ignorance.

Émilie Rault, janvier 2015